La simplicité de la vie rurale de la fin de la Belle époque décrite au début du livre fait écho au caractère « simplet » de la mère de « Zéravin », comme elle aime appeler ce fils que sa famille s’obstine à vouloir baptiser Gustave. Séraphin grandit, étrange, muet, ni spécialement choyé, ni rejeté, non plus… Sur sa route, il trouve toujours de « braves gens », prêts à l’aider et même à l’aimer malgré la bizarrerie de son comportement. La figure d’Ernest, un vieux maître verrier qui le prend sous son aile pendant la Grande Guerre, est particulièrement attachante. Lui comprend bien que le monde étrange de Séraphin est finalement plus « normal » que la réalité lunaire qui entoure son village réquisitionné par l’armée allemande et sa terre pilonnée par les tirs d’artillerie. Une belle amitié, toute en pudeur, se tisse entre le vieil Ernest et un officier allemand qui, lui aussi, au milieu de ce monde devenu fou, prend Séraphin tel qu’il est et non tel qu’on voudrait qu’il soit.
Le monde de la verrerie, avec le rougeoiement et la chaleur de ses feux, le grain de son
sable, la transparence de son verre, les couleurs de ses pâtes… est le théâtre
de nombreuses explorations sensorielles pour Séraphin, des expérimentations
plus ou moins agréables où son « hyper ou hypo-sensorialité » est
mise en avant pour le lecteur avisé qui connaît l’autisme.
Si l’on ajoute à tout cela le fait qu’il est fort bien
écrit, ce roman historique mettant en scène un enfant autiste devait
nécessairement plaire à la prof d’histoire reconvertie en enseignante
spécialisée que je suis.