J’ai
déjà évoqué plusieurs fois à quel point Agathe était fine quant à la perception
des difficultés de son frère. Comme elle n’a ni les yeux ni les oreilles dans
sa poche, elle a surpris –et remarquablement compris - plus d’une
conversation qui avait trait à l’autisme. Avec une maturité (elle n’a que 5 ans
et demi) assez surprenante, elle nous livre de temps à autre ses petites
réflexions sur le fonctionnement de son frère. Cela m’inquiète parfois de la
savoir si sensible à tout cela mais le pire serait qu’elle se pose des
questions sans obtenir de réponses ou qu’elle ne parle pas de ce qu’elle
ressent. Comme elle s’exprime et qu’elle est toujours sautillante et joyeuse,
on se dit que tout cela ne nuit pas à son équilibre même si nous avons parfois
peur que l’empathie qu’elle manifeste envers son frère n’aille de pair avec une
grande inquiétude. Nous devons être vigilants et ça n’est pas toujours facile.
Il faut toujours trouver les mots justes, vrais et rassurants en même temps et
nous espérons ne pas faire trop d’erreurs.
J’ai
noté ce petit échange que nous avons eu toutes les deux, un échange qui
témoigne de la grande intuition d’Agathe et donne une idée de l’enjeu que
peut représenter le handicap d’un enfant au sein d’une fratrie :
Agathe : « - Mon vœu,
c’est d’être danseuse étoile. Et toi, maman ?
-
Que
Matt et toi soyez heureux.
-
Alors
j’ai un deuxième vœu : que Matthieu n’ait plus autisme. »
Le
6 mai dernier, alors que Matthieu était dans une mauvaise période et que,
visiblement –je m’en suis d’ailleurs beaucoup voulu et je m’en veux encore- je
n’arrivais pas à donner le change :
Agathe : « Pauvre
Matthieu, t’as vraiment pas de chance dans la vie ! »
«
Maman, pourquoi tu fais cette tête ?
-
Je
m’inquiète pour Matt.
-
Tu
veux un thé, une tisane ? Moi aussi, je m’inquiète pour lui. » Evidemment, il a fallu la rassurer, lui
dire que ces passages à vide arrivaient parfois et que nous allions aider Matt
à les surmonter, que notre inquiétude n’allait pas durer parce qu’il irait
encore mieux après. Elle a très bien compris et comme tout s’est passé comme je
le lui avais expliqué, elle a été vite rassurée.