19 mai 2010

Verbaliser

Matthieu est dans une phase de progrès. S'il s'exprime toujours avec plus de difficulté et moins de fluidité qu'un garçon de son âge, je trouve qu'il est beaucoup plus spontané dans sa prise de parole (je l'ai d'ailleurs déjà relevé dans mon message du 2 mai).
Sur le plan émotionnel, c'est un grand pas qu'il est en train de franchir puisqu'il verbalise ses sentiments. Un exemple : avant hier, alors que je récupérais Matthieu et Agathe au périscolaire, j'ai félicité Yann, un petit voisin qui savait très bien faire ses lacets et aidait son petit frère à faire les siens. Matthieu, qui s'entraîne à faire ses lacets sans succès depuis quelques semaines, s'est assis d'un air concentré à côté de lui. Sans hurler, sans pleurer comme il l'aurait fait il y a peu, il m'a dit : "Maman, je suis jaloux parce que Yann arrive à faire ses lacets seul et pas moi." Une fois rentré à la maison, il m'a réclamé un "règlement des lacets". Nous avons décomposé les actions suivant les étapes que Yann avait montrées à Matthieu. Ce dernier s'est entraîné et aujourd'hui, nous y sommes presque. Une fois encore, j'ai donc constaté à quel point il est important d'apprendre de ses pairs. Lorsqu'un enfant autiste commence à être sensible à la compétition, à l'émulation, il peut faire de beaux progrès.

Je profite de ce message pour relater une autre anecdote qui me semble révélatrice des progrès de Matthieu. Hier, alors que, de retour du périscolaire, je demandais à Matthieu si Agathe avait pleuré dans la journée, il m'a répondu : "Mais maman, je ne peux pas le savoir ! J'étais dans mon école et Agathe à l'école des petits ! Je n'ai pas pu voir si elle pleurait !" Cela paraît évident et tellement logique ! Dans le cas de Matthieu, j'y vois une belle marque de spontanéité et surtout, la capacité à faire une différence entre son contexte à lui et celui de sa sœur. Elle n'a pas nécessairement eu la même journée que lui : il en est conscient et il l'exprime.