31 mars 2009

Crève-coeur

Matthieu est à l'école. Quand il arrive dans la cour, le matin, je l'observe toujours quelques minutes, de loin. Aujourd'hui, il a couru vers deux de ses copains qui lui ont tourné le dos et sont partis en pressant la pas. Mon Matt les a suivis mais eux, qui devaient pourtant bien sentir qu'il les "collait", ne faisaient absolument pas attention à lui. Quand il a fini par comprendre ce qui se passait, Matt est allé se réfugier dans un coin du préaut, seul, les yeux vides.
Et de mes yeux à moi, je sentais les larmes qui coulaient, qui coulaient et je n'arrivais pas à les arrêter. Je m'en veux beaucoup pour ces larmes : je ne dois jamais oublier que nous avons beaucoup de chance que Matt puisse aller à l'école. Et je ne dois jamais oublier qu'Agathe est là et qu'elle ne doit pas me voir pleurer pour des raisons que je peux difficilement expliquer à une petite fille qui n'a même pas deux ans et demi.
Oui mais voilà, ce genre de situation est de plus en plus fréquente, au point que la maîtresse en a parlé lors de la réunion pour l'AVS : Matt ne s'intéresse qu'à ses trois copains derrière lesquels il court de plus en plus, seul. Dans ces moments-là, je pense à l'avenir. Je ne sais pas qui lit ce blog : des parents dans ma situation, sans doute. Il me semble que ce froid qui m'envahit quand je pense à l'avenir de Matthieu, seuls les parents d'enfants en situation de handicap peuvent le comprendre. C'est pour cela que cela me fait du bien de me décharger un peu de cette angoisse en écrivant ce matin. Ceux qui, dans mon entourage n'ont pas d'enfants -même bien portants - ne comprennent pas, j'en ai l'impression, que l'ont puisse se rendre malheureux pour si peu de choses.
Maintenant, je dois absolument me reprendre. J'étais agenouillée devant Agathe, tout à l'heure, quand elle m'a dit "Debout maman, debout !" Elle voulait que je me lève pour lui mettre un dessin animé mais moi, j'ai compris "ne flanche pas". J'ai peur de ne pas être à la hauteur, vis-à-vis de Matt, bien sûr, mais aussi vis à vis de ma petite fille, qui portait ce matin le cartable, presque aussi grand qu'elle, d'un Matthieu qui serait parti à l'école en l'oubliant...
Voilà, rien que d'avoir écrit, je me sens mieux. Je fonctionne comme cela.
Cela va repartir. Et pour commencer, je vais danser le rok and roll des gallinacés avec Agathe.
Je promets d'écrire quelque chose de positif la prochaine fois !