7 novembre 2012

Matthieu, mon assistant

J’ai cette année en classe une élève avec autisme qui, à bien des égards, me fait penser à Matthieu quand il était plus jeune. J’ai parlé d’elle à ce dernier qui, depuis lors, me demande quotidiennement de ses nouvelles. Il souhaite que je lui montre les dessins qu’il fait, il s’enquiert de ses progrès et est très fier quand je lui explique qu’il a une très confortable longueur d’avance sur elle dans le classement « des œufs de l’autisme », et ce bien qu’il soit de deux ans son cadet.  

Mon élève présente des comportements très inappropriés que je raconte parfois à Matthieu. L’autre jour, comme je ne savais plus quoi inventer pour l’empêcher de demander en boucle « T’as pété ? », « T’as roté ? », j’ai demandé conseil à Matthieu. Il m’a immédiatement répondu : « Tu n’as qu’à lui dire que M. « T’as pété » et M. « T’as roté » sont partis en vacances. » Je n’avais rien à perdre. J’ai donc essayé dès le lendemain, dessins au tableau et théâtralisation à l’appui. Pour plus de sûreté, j’ai expédié les deux grossiers Messieurs inventés par Matthieu sur la lune avec un aller simple. Durant la semaine qui a suivi, j’ai refait les dessins au tableau chaque matin en arrivant dans la classe, en les épurant de plus en plus. Et miracle : Monsieur « T’as pété » et Monsieur « T’as roté » ont déserté mon cours !
Cette petite victoire n’a pas étonné Matthieu le moins du monde.
Reste à savoir si ce succès survivra aux vacances de la Toussaint et s’il pourra être transposé dans d’autres contextes. Mais j’ai ma petite idée sur la question…