La
plupart des points développés m’étaient familiers mais j’ai apprécié les
exemples concrets exposés (expériences sur la perception des émotions par les
bébés ; nombreux petits récits de situations observées par l’auteur) et le
caractère didactique du livre qui fait la synthèse de recherches scientifiques
pointues (neurobiologie ; théorie de l’Extreme Male Brain…) et propose des
argumentations claires pour contribuer à des réflexions complexes (notion de
« systématisation » et abord algorithmique des comportements humains,
page 132).
L’éclairage
nuancé que Peter Vermeulen apporte à la notion-clé de « théorie de
l’esprit » est fort intéressant. Son concept de « cécité
contextuelle » est très parlant dès lors que l’on veut évoquer le
traitement localisé de l’information qu’opèrent les personnes avec autisme. Je
n’ai jamais lu de définitions aussi pertinentes de « l’empathie » et
de la « sympathie » (« une réaction réflexe » selon lui)
que sous sa plume.
De
même, il formule très clairement des phénomènes cognitifs que j’observe depuis
des années chez Matthieu. Le passage qu’il consacre aux difficultés narratives
des personnes avec autisme est d’une grande limpidité. Il explique que « les
récits des personnes avec autisme sont souvent des énumérations
(hyperdétaillées) de faits et gestes », et que c’est le fait que la
« capacité d’examiner au-delà des faits et gestes extérieurs [fasse]
défaut » qui entraîne que les récits des personnes avec autisme ont peu de
sens. Je n’aurais jamais pensé à corréler défaut de narration et défaut de
perception/compréhension des émotions d’autrui… Je n’avais jamais envisagé l’hypothèse
que la cohésion d’un récit puisse avant tout reposer sur « le fil
conducteur des intentions humaines »…
Quant
à la conclusion du dernier chapitre : « Peut-être devrions-nous
travailler notre intelligence émotionnelle plutôt que la leur… », cela
fait longtemps que j’ai compris qu’il s’agit d’une clé essentielle pour
communiquer avec Matthieu… et avec (tous) les autres. En essayant d’aller à la
rencontre d’une personne avec autisme, on apprend aussi beaucoup sur soi.