14 août 2012

Phaenomen


Phaenomen est un roman en trois tomes d’Erik L’Homme paru aux éditions Gallimard jeunesse (puis Folio Junior).
Il s’agit d’un roman d’aventure à suspense pour adolescents qui prend assez rapidement une tournure fantastique. Les héros en sont quatre jeunes gens si « extraordinaires » que leurs parents ont décidé de les confier à une clinique psychiatrique suisse accueillant des « cas désespérés ». Violaine, la meneuse de la bande, déteste qu’on la touche, Claire présente des troubles de l’équilibre et des difficultés motrices, Nicolas supporte difficilement la lumière du jour et Arthur a des traits autistiques marqués. Au cours de l’épopée rocambolesque qui les entraîne à travers le monde sur les traces de leur médecin qui a été enlevé puis sur les pas des Templiers, les héros découvrent que leur handicap peut devenir leur force. C’est au fond le principal enseignement du livre même si cette force revêt un caractère surnaturel et fantastique chez Violaine, Claire et Nicolas. Le talent exceptionnel d’Arthur, en revanche, n’est pas complètement surréaliste puisqu’il s’agit d’une mémoire hors-norme, telle qu’en possèdent certaines rares personnes avec un autisme de très haut niveau. Au total, c’est Arthur le héros le moins original de l’histoire… La vision par le détail et les troubles sensoriels d’Arthur sont bien décrits de même que ses centres d’intérêt restreints. Ce qui concerne les interactions sociales colle moins bien avec les caractéristiques de l’autisme mais l’ambition première de l’auteur n’était assurément pas de traiter ce sujet.

C’est la documentaliste de mon collège qui m’a invitée à lire ce roman. Elle a mis en avant les trois tomes de l’ouvrage au CDI à côté d’une exposition que j’ai conçue afin de sensibiliser les jeunes de mon établissement à l’autisme. Au-delà du fantastique, la trilogie montre que la différence peut être source de richesse. Elle montre aussi combien il est crucial pour chacun de savoir qui il est afin de trouver sa place dans le monde.

J’ai beaucoup aimé la construction du roman dont les chapitres sont forgés à partir de mots latins ; les personnages ouvrent à tour de rôle ces chapitres en nous livrant leurs réflexions, souvenirs et mondes intérieurs. J'ai aussi été sensible à l'allusion faite à Antoine de Ville -les membres de la famille qui lisent le blog comprendront ! J’ai moins aimé les tueurs embusqués à chaque phase importante du récit, mais leur présence est liée au genre (un thriller) qui ne correspond a priori pas à mon champ de prédilection.