Au moment du grand départ, j’étais toujours
aussi circonspecte quant à notre propre choix mais Matthieu débordait
d’enthousiasme. Il connaissait le plan du bateau par cœur –il nous y a guidés
pendant une semaine sans la moindre hésitation- et était ravi à l’idée de
découvrir la Croatie ,
le Monténégro et la Grèce
en plus de l’Italie.
Notre croisière s’est achevée il y a deux
semaines. Elle a été à la hauteur des espérances de Matthieu et a de très loin
dépassé les miennes. Nous avons visité autant d’églises romanes, de villes
fortifiées, de couvents et de sites antiques que d’habitude (sinon
plus !), les corvées de ménage et de cuisine en moins, une mer
délicieusement chaude après des heures intensives de visites en plus. Bravo aux
enfants pour leur patience pendant les visites et pour leur endurance (sur les
remparts de Dubrovnik notamment). Matthieu a particulièrement aimé le musée
archéologique d’Ancône (en Italie pourtant !) où il a fait de très
pertinentes inférences avec ses leçons sur la préhistoire. Agathe et lui se
sont bien amusés dans les souterrains du palais de Dioclétien, à Split.
De retour sur le bateau, après chaque
équipée, les enfants et moi tenions un journal de bord où nous collions nos
billets d’entrées, des cartes postales ou encore nos tickets de bus. Matthieu
notait ses impressions, Agathe illustrait abondamment le tout tandis que
j’inscrivais les haïkus que m’avaient inspirés les sites visités. Quelques
pages de notre journal sont reproduites ci-dessous.
Durant les visites, j’avais toujours un
carnet sur moi et quand je sentais que Matthieu et Agathe s’ennuyaient, je le
leur donnais pour qu’ils dessinent l'élément du décors environnant qui leur
plaisait le plus. Nous collions les feuillets dans notre journal de bord à notre
retour. Matthieu s’est prêté avec joie à ces petites activités.
Sa sœur et lui
relisent leur journal de bord chaque jour depuis notre retour.
En bref, nous nous félicitons d’avoir cassé
notre tirelire. Nos vacances ont été merveilleuses et fort stimulantes pour
Matthieu.
Quelques commentaires sur les 2 pages reproduites ci-dessus : on y retrouve l'intérêt de Matthieu pour les distances de même que ses angoisses concernant le corps. Si j'ai rallongé l'énigme posée par le Sphinx à Oedipe, c'est pour aider Matthieu à dépasser la peur que lui a inspirée une très vieille dame qui marchait avec un déambulateur et qu'il n'a vue que de dos. Il a cru qu'elle n'avait pas de tête (cf. son dessin) et quand on lui demande de raconter ses vacances, il ne manque jamais de la mentionner. Mais la petite histoire du sphinx a fonctionné (Matthieu adore inventer des devinettes et des charades ainsi qu'il nous le prouve souvent durant les trajets en voiture) et il a continué à apprivoiser les âges de la vie.