5 août 2012

Journal de bord

Matthieu aime voir du pays aussi nous demandait-il régulièrement, ces derniers mois, pourquoi nous allions toujours en vacances en Italie. Quand des amis nous ont parlé avec chaleur des avantages des croisières, nous avons donc décidé de partir une semaine naviguer sur l’Adriatique. A peine cette décision était-elle prise que je la regrettais déjà. Quelle idée avions-nous eu là ? Nous n’étions pas du genre « bronzette » et « gentils organisateurs » mais plutôt du style « stakhanovistes » des visites !
Au moment du grand départ, j’étais toujours aussi circonspecte quant à notre propre choix mais Matthieu débordait d’enthousiasme. Il connaissait le plan du bateau par cœur –il nous y a guidés pendant une semaine sans la moindre hésitation- et était ravi à l’idée de découvrir la Croatie, le Monténégro et la Grèce en plus de l’Italie.

Notre croisière s’est achevée il y a deux semaines. Elle a été à la hauteur des espérances de Matthieu et a de très loin dépassé les miennes. Nous avons visité autant d’églises romanes, de villes fortifiées, de couvents et de sites antiques que d’habitude (sinon plus !), les corvées de ménage et de cuisine en moins, une mer délicieusement chaude après des heures intensives de visites en plus. Bravo aux enfants pour leur patience pendant les visites et pour leur endurance (sur les remparts de Dubrovnik notamment). Matthieu a particulièrement aimé le musée archéologique d’Ancône (en Italie pourtant !) où il a fait de très pertinentes inférences avec ses leçons sur la préhistoire. Agathe et lui se sont bien amusés dans les souterrains du palais de Dioclétien, à Split.
De retour sur le bateau, après chaque équipée, les enfants et moi tenions un journal de bord où nous collions nos billets d’entrées, des cartes postales ou encore nos tickets de bus. Matthieu notait ses impressions, Agathe illustrait abondamment le tout tandis que j’inscrivais les haïkus que m’avaient inspirés les sites visités. Quelques pages de notre journal sont reproduites ci-dessous.
Durant les visites, j’avais toujours un carnet sur moi et quand je sentais que Matthieu et Agathe s’ennuyaient, je le leur donnais pour qu’ils dessinent l'élément du décors environnant qui leur plaisait le plus. Nous collions les feuillets dans notre journal de bord à notre retour. Matthieu s’est prêté avec joie à ces petites activités. 


Sa sœur et lui relisent leur journal de bord chaque jour depuis notre retour.
En bref, nous nous félicitons d’avoir cassé notre tirelire. Nos vacances ont été merveilleuses et fort stimulantes pour Matthieu.

Quelques commentaires sur les 2 pages reproduites ci-dessus : on y retrouve l'intérêt de Matthieu pour les distances de même que ses angoisses concernant le corps. Si j'ai rallongé l'énigme posée par le Sphinx à Oedipe, c'est pour aider Matthieu à dépasser la peur que lui a inspirée une très vieille dame qui marchait avec un déambulateur et qu'il n'a vue que de dos. Il a cru qu'elle n'avait pas de tête (cf. son dessin) et quand on lui demande de raconter ses vacances, il ne manque jamais de la mentionner. Mais la petite histoire du sphinx a fonctionné (Matthieu adore inventer des devinettes et des charades ainsi qu'il nous le prouve souvent durant les trajets en voiture) et il a continué à apprivoiser les âges de la vie.