19 avril 2010

Une intéressante définition de la peur

Depuis que je sais que Matthieu est autiste, je ne parviens pas à lire autre chose - en dehors de Courrier International- que des essais sur l'autisme, sur les neurosciences ou sur l'application de tous les apports neuropsychologiques que je commence à comprendre, dans les sciences de l'éducation. Bref, aucun roman ne m'attire. Si d'aventure j'en commence un, je l'abandonne rapidement pour me plonger dans un livre sur l'autisme. Depuis quelques semaines, toutefois, je commence à saturer. Aussi ai-je pris la ferme résolution de partir à Naples sans livre sur l'autisme. Je suis allée à la librairie pour choisir un roman et là, j'ai été attirée par un ouvrage à la forme tout à fait originale - un récit émaillé de schémas, de plans, de cartes insolites- intitulé L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet (traduit de l'anglais aux éditions du Nil en 2010). Pour reprendre les termes du critique du Washington Post, "je suis tombée amoureuse" de ce roman de Reif Larsen "dès la première page". Incroyable ! Moi qui me croyais condamnée à ne plus jamais savoir apprécier un roman !
C'est avec une réelle impatience que je vais en achever la lecture tout à l'heure, durant les dix interminables heures de train au terme desquelles je devrais enfin rentrer à la maison.
Le roman retrace l'invraisemblable odyssée à travers les Etats-Unis d'un jeune garçon précoce (surdoué). On ne se refait pas : même quand je me détends, mon cerveau est toujours prêt à faire des connections entre ce qu'il voit, ce qu'il lit, ce qu'il observe et cette question de l'autisme qui a fini par faire partie intégrante de ma vie. Mon mode de fonctionnement étant ce qu'il est devenu, j'ai donc noté avec grand intérêt cette toute petite phrase légendant un croquis de la page 261 :
" La peur est la somme de nombreux détails sensoriels".
Il me semble que cette définition est très pertinente, surtout concernant les autistes, dont l'hypersensorialité fausse le rapport au monde, en rendant les stimuli insupportables et, de ce fait, effrayants.
Oui, cette définition me plaît décidément beaucoup. Et puis grâce à elle, je peux recommander ce roman qui, sinon, aurait fait figure de hors-sujet sur ce blog...