Près d'une semaine après mon retour, je trouve enfin cinq minutes pour écrire quelques mots à propos de la semaine de formation dont j'ai bénéficié à Suresnes (INSHEA) sur "la compréhension du fonctionnement autistique" et "la mise en oeuvre de stratégies éducatives et pédagogiques". J'y ai rencontré des collègues du premier et du second degré, en poste en CLIS, en UPI, en classe ordinaire ou encore rattachés à des IME ou des hôpitaux de jours. Tous avaient des expériences très riches à faire partager. Plus d'une fois j'ai pensé que Matthieu revenait de loin et que, comparativement aux élèves dont j'entendais parler, il se situait à un niveau avancé dans le continuum autistique.
En tant qu'enseignante en lycée, ce sont surtout des élèves atteints du syndrome d'Asperger que je serai amenée à rencontrer. J'ai d'ailleurs déjà eu un tel élève il y a deux ans. Sur leur fonctionnement, j'ai beaucoup appris : j'y reviendrai, dès que j'en aurai le temps.
En tant que maman, j'ai pu vérifier de manière "théorique" un certain nombre de données et de convictions que j'avais acquises en observant Matthieu de manière empirique. Par exemple, Gloria Laxer, une intervenante spécialisée dans l'approche développementale de l'autisme, m'a confirmé que l'hyperlaxité des doigts de Matthieu ou encore le fait qu'il ait bavé des litres de salive quand il était petit étaient à mettre en relation avec l'autisme. Pour elle, il semblait indiscutable que la prise de dépakine durant ma grossesse était à l'origine de la maladie de Matthieu. Les liens avec l'épilepsie ont été bien analysés dans son exposé. Sa lecture neurodéveloppementale de l'autisme paraît évidente et je me demande comment le pédiatre de la maternité a pu nous envoyer voir un orthopédiste quand nous aurions dû, vu l'absence de tonus des mains de Matthieu, être adressés à un neurologue...
J'ai par ailleurs entendu de passionnants exposés sur Teacch et ABA ainsi que sur les techniques du PECS et du MAKATON. Je n'en doutais plus depuis un moment déjà -je regrette d'ailleurs certaines phrases peu nuancées du prologue de mon témoignage à ce sujet- : Teacch et ABA sont très efficaces et il serait aberrant de ne pas leur faire une place dans nos stratégies éducatives. Au gré des réflexions entendues, j'ai mesuré combien telle ou telle de nos pratiques avec Matthieu s'apparentait étroitement à l'un ou l'autre de ces programmes. (ex : nos "règlements" pour décomposer les tâches à réaliser relèvent, sans que nous en ayions eu conscience, du Teacch).
La formation, qui s'appuie -et c'est rassurant pour les parents !- sur les explications les plus récentes de l'autisme et sur les méthodes éducatives les plus critiquées en France, était ouverte aux psychologues scolaires. J'ai donc parfois perçu quelques grincements de dents dans les rangs de cette partie de notre auditoire.
Quant à moi, j'étais ravie !
Je reviendrai prochainement sur le témoignage d'une adulte Asperger qui m'a ouvert d'intéressantes perspectives sur l'aide à apporter à Matthieu.