Le plan LIGNES est lancé !
Je suis en train de prendre l'habitude d'écrire sur mon blog ce que j'écrivais dans mon journal... Cet article est donc sans doute le premier d'une longue suite d'analyses des progrès (j'espère !!!) de Matt dans la narration et les enchaînements.
Cet après-midi, je l'ai invité à me raconter une histoire. Il m'a annoncé qu'il allait me raconter "une histoire de formes". Je l'ai fidèlement retranscrite (je crois que cela amusait Matt de me voir écrire sous sa dictée). La voici, accompagnée de mes anlayses (en gras).
15 février 2009 Histoire de formes.
Il était une fois, un rond et un rectangle.
Ils rencontrèrent un triangle.
Ils rencontrèrent un ovale.
Ils voient un pentagone.
Ils voient un hexagone.
[ici, j'ai fait remarquer à Matt qu'il ne racontait pas d'histoire. De fait, il énumérait des formes géométriques, sa marotte du moment. La maîtresse l'avait dit : une tendance à lister au lieu de raconter].
Ils cherchent leur ami l’octogone.
Le rond et le rectangle en ont assez de marcher mais le rectangle ne peut pas rouler. [cf. histoire du Grand O]. Le rond « aide à porter » le rectangle. Il dit « Ho hisse, ho hisse ». Et voilà, ils sont arrivés à la maison.
Il y avait deux radiateurs dans le bureau. Celui du rectangle et celui du rond.
Il y avait des assiettes : une assiette en forme de polygone et une assiette en forme de pentagone.
[la description qui suit est un peu dans l'esprit de celle de Boucle d'Or, une des références favorites de Matt]
Il y avait une cuillère ronde et une cuillère carrée.
Il y avait deux chambres : celle du rond et celle du rectangle.
Il y avait deux balançoires : une toute ronde et une toute « pentagone ».
Il y avait aussi un toboggan « hexagone ».
Dans leur maison, ils jouèrent avec leurs jouets « pentagone », « hexagone » et rond.
[à partir d'ici, Matt transpose ses propres expériences : voyages à Paris et en Italie; déroulement de séquences d'une journée qui pourrait être la sienne]
Et après, ils vont à Paris voir la Tour Eiffel avec le TGV carré.
Il y avait une maison rectangle et une « dame pentagone » qui parlait en anglais. La dame pentagone leur montra des lits, des douches, des tables, des assiettes, des cuillères et des fourchettes.
Dans la maison italienne, le rectangle et le rond prend [sic Matt ne conjugue pas toujours les verbes comme il faut; il lui arrive encore parfois d'utiliser l'infinitif à la place d'un verbe conjugué] le repas du soir. Ils prend leur douche. Ils vont dans leur lit et le rectangle dit « Bonne nuit, le rond » et le rond dit « Bonne nuit, le rectangle ».
Ils prend leur petit déjeuner, ils regardent la télé. Le rond voudrait bien Tfou mais le rectangle voudrait bien Toowan.
- Donc, il faut regarder Toowan, dit le rond.
- Et après, il y a Tom et Jerry, dit le rectangle.
- Oh ! Tu as vu, le rectangle, dit le rond, Tom attrape Jerry !
- Oh ! Regarde, rond ! Tom est coincé dans le tiroir et sa tête est coincée.
- Oh ! Regarde, rectangle ! Tom est trop grand pour rentrer par la petite porte de Jerry !
Et après, ils prennent le dîner.
-Il est midi, dit le rond.
- On mange des épinards avec du poisson, dit le rectangle.
« Miam, miam » dit le rond et « Miam, miam » dit le rectangle.
Mais le rond n’aime pas trop le poisson.
Il faut manger le poisson et les épinards parce que c’est bon à la santé, le poisson et les épinards !
[Matt est très sensibles aux règles qui régissent le repas et aux injonctions pour rester en bonne santé; ce passage n'est donc pas surprenant]
- Beurk, beurk, beurk, beurk, beurk, je n’aime pas trop les épinards, dit le rond.
- Tans pis, tu n’aura pas de dessert, dit le rectangle.
- Hop, hop, hop, hop ! Et voilà ! J’ai tout mangé, dit le rond.
- C’est bien, le rond, tu pourras avoir du dessert, dit le rectangle.
Le rectangle donne de la glace au rond.
- Ouh ! La glace, c’est très, très, très froid ! dit le rond.
- Et après, on va faire une sieste, dit le rectangle.
- Bonne sieste, le rectangle, dit le rond.
- Bonne sieste, le rond, dit le rectangle.
Mais le rond n’arrive pas à dormir.
- Il faut dormir pour être en forme, dit le rectangle.
- Ah ! C’est bon ! On a terminé la sieste, dit le rond.
- Tu veux un dessin animé ? dit le rond
- Moi, je voudrais bien les Petits Einstein 2.
- Le premier, c’est la « Légende de la pyramide », dit le rond.
- Le deuxième, c’est « Fusée n’arrive pas à dormir », dit le rectangle.
- Le troisième, c’est « La grande course du ciel », dit le rond.
- On va rentrer à la maison, dit le rond.
- J’ai un peu mal au cœur, dit le rectangle.
- Viens, tu vas reposer sur moi, dit le rond.
[suit l'itinéraire pour aller de l'Italie à la France; Matt l'a dessiné, il le récite plusieurs fois par jour]
- Oh ! Regarde ! J’aperçois les Alpes, dit le rectangle.
- Oh ! Regarde ! J’aperçois les tunnels de Suisse, dit le rond.
- Oh ! Regarde ! J’aperçois la douane, dit le rectangle.
- Oh ! Tu as vu ? J’aperçois notre maison, dit le rond.
- Et voilà ! On est arrivé ! dit le rectangle.
- On s’est bien amusé à Paris, dit le rond.
FIN
Matthieu a fait un bel effort. Il a pris plaisir à élaborer cette petite histoire qu'il a illustrée. Mais il est évident qu'il a du mal à se détacher de son quotidien, de ses centres d'intérêts du moment. Il faut l'arrêter pour qu'il ne se lance pas dans une histoire où il passerait, par exemple, toutes les formes géométriques en revue.
Est-ce en multipliant ce genre de petites séances de récit que je l'aiderai à exprimer son imaginaire ? Cela ne suffira sans doute pas... Nous devons trouver le déclic...Il faut essayer d'inventer un jeu...Affaire à suivre.