Hier, les CP des villages de toute notre vallée se sont succédés sur un "parcours de la débrouillardise". Matthieu a participé comme les autres et a hélas terminé dernier de sa classe.
Il a évidemment été très triste... Il s'en voulait de ne pas avoir couru assez vite, ce qui n'était pas le cas, ainsi que je le lui ai d'ailleurs dit pour le consoler. Il a aussi franchi les obstacles, rampé, sauté... de manière tout à fait efficace. Le problème, c'était les enchaînements.
Comme tous les enfants de sa classe, il avait reconnu le parcours de manière fragmentée (4 morceaux), dans le désordre, et il n'avait jamais pu tout enchaîner avant son passage chronométré. Il a donc eu tendance à marquer des temps d'arrêt et à être un peu désorienté entre les différentes étapes du parcours.
A la réflexion, ces difficiles enchaînements sont très caractéristiques de sa manière d'être en toutes choses. Et je crois que c'est lié à sa maladie. Malgré ses progrès, Matthieu a souvent du mal, encore, à enchaîner les mots pour parler avec fluidité; il a des difficultés à enchaîner les idées pour faire un récit; il a du mal à enchaîner les notes quand il joue du violon (mais pour le coup, c'est peut-être simplement parce qu'il est débutant). Si un adulte n'est pas là pour donner l'impulsion (voire la permission d'agir), il a du mal à enchaîner certaines actions toutes bêtes de la vie quotidienne (se déshabiller, entrer dans la cabine de douche, ouvrir le robinet, prendre le savon, se laver, etc... par exemple). Sa maitresse a par exemple noté qu'il n'arrivait pas à sortir un cahier de son sac, à le ranger puis à recommencer avec un autre. Il faut qu'il sorte toutes ses affaires puis qu'on lui dise de tout ranger. Tout ceci est, je pense, à mettre aussi en relation avec son peu d'esprit d'initiative.
Bref, je ne sais pas encore comment, mais je crois que nous aurions intérêt à travailler les "enchaînements". La stimulation mise en oeuvre autour des liens logiques au moment où le diagnostic a été posé (cf. chapitre P de mon témoignage) a sans doute permis d'atténuer ce type de difficultés.
Quant à moi, je crois que je n'ai pas fini de culpabiliser... Lors de ce fameux parcours de la débrouillardise, je faisais partie des parents accompagnateurs et j'ai peur que ma présence n'ait perturbé Matthieu. C'est difficile de prendre les bonnes décisions... Avec un enfant tel que Matt, je crois qu'on se pose encore plus de questions que les autres parents...