La
rentrée est arrivée et avec elle, le fameux rallye lecture est revenu. Cette
semaine, nous avons dû lire et décortiquer un livre particulièrement ardu pour
un enfant avec autisme. Il s’agit du Journal d’un chat assassin d’Anne
Fine, paru en 2005 aux éditions « L’école des loisirs ».
En
élaborant les questions du QCM que je concocte chaque semaine à Matthieu pour
l’entraîner, je connaissais à l’avance toutes les erreurs qu’il allait
commettre. De fait, il est tombé dans tous les pièges que le livre (relayé par
mes questions) lui tendait. L’intrigue de cet ouvrage pour la jeunesse repose
très largement sur l’ironie et les fausses croyances. Après 3 lectures, Matthieu n’y comprenait
toujours rien –contrairement à Agathe qui reste toujours avec nous quand nous
travaillons le rallye. J’ai dû mimer, analyser le verbe « croire »
sous toutes les coutures, changer de point de vue à chaque explication… Je ne
saurai que demain, au moment du verdict de la note et du classement, si ce
travail de longue haleine a payé.
Thierry
a fait une remarque ironique à Matthieu suite à notre travail sur le livre, en
prenant bien garde de ne pas lui montrer qu’il le testait : « Dis-donc
Matthieu, ta chambre est drôlement bien rangée ! » « Tu blagues,
papa ! » a répondu Matthieu en contemplant l’habituel –hélas !-
désordre de sa chambre. Cette réponse laisse à penser que Matthieu commence à
comprendre l’ironie. C’est d’autant plus encourageant qu’il repère aussi de
mieux en mieux les expressions imagées. Reste à savoir s’il est capable de s’y
retrouver dès lors que les personnages d’une histoire sont aux prises avec de
fausses croyances. C’est loin d’être gagné, à mon avis. Mais je ne désespère
pas ! Nous continuerons à travailler tout cela livre après livre.
A
la lecture de cet ouvrage, Matthieu a été très contrarié par le fait que le
chat était, au fond, plutôt méchant. Qu’un héros ne soit pas gentil le dépasse
complètement. Il a versé quelques larmes et a fini par se soulager en rédigeant
l’un de ces petits papiers dont j’ai parlé dans un précédent article. Il a
aussi fallu que nous estimions tout de manière chiffrée en appliquant les
modalités exigées par Matthieu (l’usage des pourcentages ici) : la
longueur du livre a été fixée à 40%, sa
difficulté à 60%. Ce système étrange permet de dédramatiser une éventuelle
mauvaise note au rallye.
J’ai
aussi expliqué à Matthieu ce qu’est un antihéros. Il n’a pas relevé mais je suis prête à parier qu’il m’en parlera demain.
Je
conseille le Journal d’un chat assassin aux parents désireux de faire
progresser leur enfant avec autisme sur les questions du second degré et de la
théorie de l’esprit. Il est vite lu, plutôt amusant et représente un véritable
défi !