26 septembre 2012

"Le journal d'un chat assassin", une gageure...


La rentrée est arrivée et avec elle, le fameux rallye lecture est revenu. Cette semaine, nous avons dû lire et décortiquer un livre particulièrement ardu pour un enfant avec autisme. Il s’agit du Journal d’un chat assassin d’Anne Fine, paru en 2005 aux éditions « L’école des loisirs ».
En élaborant les questions du QCM que je concocte chaque semaine à Matthieu pour l’entraîner, je connaissais à l’avance toutes les erreurs qu’il allait commettre. De fait, il est tombé dans tous les pièges que le livre (relayé par mes questions) lui tendait. L’intrigue de cet ouvrage pour la jeunesse repose très largement sur l’ironie et les fausses croyances.  Après 3 lectures, Matthieu n’y comprenait toujours rien –contrairement à Agathe qui reste toujours avec nous quand nous travaillons le rallye. J’ai dû mimer, analyser le verbe « croire » sous toutes les coutures, changer de point de vue à chaque explication… Je ne saurai que demain, au moment du verdict de la note et du classement, si ce travail de longue haleine a payé.
Thierry a fait une remarque ironique à Matthieu suite à notre travail sur le livre, en prenant bien garde de ne pas lui montrer qu’il le testait : « Dis-donc Matthieu, ta chambre est drôlement bien rangée ! » « Tu blagues, papa ! » a répondu Matthieu en contemplant l’habituel –hélas !- désordre de sa chambre. Cette réponse laisse à penser que Matthieu commence à comprendre l’ironie. C’est d’autant plus encourageant qu’il repère aussi de mieux en mieux les expressions imagées. Reste à savoir s’il est capable de s’y retrouver dès lors que les personnages d’une histoire sont aux prises avec de fausses croyances. C’est loin d’être gagné, à mon avis. Mais je ne désespère pas ! Nous continuerons à travailler tout cela livre après livre.

A la lecture de cet ouvrage, Matthieu a été très contrarié par le fait que le chat était, au fond, plutôt méchant. Qu’un héros ne soit pas gentil le dépasse complètement. Il a versé quelques larmes et a fini par se soulager en rédigeant l’un de ces petits papiers dont j’ai parlé dans un précédent article. Il a aussi fallu que nous estimions tout de manière chiffrée en appliquant les modalités exigées par Matthieu (l’usage des pourcentages ici) : la longueur du livre  a été fixée à 40%, sa difficulté à 60%. Ce système étrange permet de dédramatiser une éventuelle mauvaise note au rallye.
J’ai aussi expliqué à Matthieu ce qu’est un antihéros. Il n’a pas relevé mais je suis prête à parier qu’il m’en parlera demain. 

Je conseille le Journal d’un chat assassin aux parents désireux de faire progresser leur enfant avec autisme sur les questions du second degré et de la théorie de l’esprit. Il est vite lu, plutôt amusant et représente un véritable défi !