Voilà des années que nous bataillons pour obliger Matthieu à aller régulièrement faire pipi. Depuis quelques mois, cela va mieux, mais les incidents pour cause de "rétention trop longue de pipi" sont encore relativement fréquents, surtout la nuit. Matthieu ne va jamais jusqu'à faire pipi dans sa culotte au sens strict, mais il attend d'avoir fait quelques gouttes fort malodorantes avant d'aller aux toilettes. Lui qui considère que le mensonge est une faute très grave, n'hésite pourtant pas à nous mentir dès lors qu'il s'agit de nous faire croire qu'il est allé aux WC le soir, avant de se coucher.
Il y a trois jours, alors que nous étions chez ses grands-parents, Matthieu a pleuré à chaudes larmes parce que nous le pressions d'aller aux toilettes. Il s'est mis dans des états impossibles. C'était déchirant mais je n'ai pas lâché l'affaire : je l'ai questionné jusqu'à ce que je sache enfin pourquoi il répugnait tant à aller aux toilettes. Nous avons beaucoup tourné en rond avant que la réponse ne jaillisse : " J'aime pas faire pipi parce que c'est sale". Parmi les explications maladroites de Matthieu, j'ai soigneusement consigné ce petit échange :
" J'ai perdu ma mémoire du pipi.
- Ça veut dire quoi ?
- Ça veut dire qu'on oublie tout le temps.
- Alors qu'est-ce qu'il faut faire pour ne pas oublier ?
- Faire pipi !"
J'ai tenté une petite explication pseudo-médicale pour démontrer à Matthieu l'importance d'aller aux toilettes. Il s'agissait de lui faire comprendre qu'il valait mieux jeter la saleté dans les WC que la garder à l'intérieur de son corps. Il m'a écoutée avec attention avant de me réclamer un "pense-bête" que nous avons rédigé ensemble. Voici ce que nous y avons écrit :
" Je n'aime pas faire pipi parce que c'est sale. MAIS je sais que si je ne fais pas, mes reins seront sales et donc malades et donc je devrai manger de l'Orlox [= un antibiotique que Matthieu déteste]. Beurck ! Je préfère donc aller régulièrement faire pipi !"
J'ai fait une explication similaire aujourd'hui à propos du caca et de la nécessité de prendre soin de ses intestins. Matthieu l'a bien accueillie.
Pour lui montrer à quel point j'étais fière de lui, je lui ai solennellement signifié qu'il était à
présent passé dans un oeuf plus petit, à savoir celui "d'autisme 4", ce qui l'a beaucoup réjoui.