5 septembre 2009

La rentrée de Matthieu

Après d'excellentes vacances marqués par de nouveaux progrès, Matthieu a repris le chemin de l'école. A la veille de la rentrée, il nous a fallu décider du dispositif thérapeutique qui va être le sien cette année. Cela n'a pas été facile. J'ai beaucoup stressé et j'ai beaucoup douté.


En août, nous avons rencontré une pédopsychiatre formée aux techniques comportementales vraiment formidable. Je ne sais pas si je peux donner son nom (elle travaille dans le Haut-Rhin). Elle nous a encouragés à continuer sur notre lancée avec Matthieu (avec les petits papiers de la boîte à autisme et toutes les petites astuces présentées sur ce blog...). Cela m'a rassurée car la pédopsychiatre "officielle" de Matthieu a plutôt tendance à tiquer quand je lui expose nos stratégies. Mais elle est bien obligée de reconnaître les progrès Matthieu (et nous sommes bien obligés de composer avec elle car nous dépendons de son secteur) ! A travers elle, je mesure une fois encore combien les psychiatres ont du mal à accueillir et expérimenter des méthodes de prise en charge qui ont pourtant fait leurs preuves depuis des dizaines d'années dans d'autres pays (anglo-saxons notamment). En revanche, j'ai beaucoup aimé le discours de la pédopsychiatre comportementaliste, un discours beaucoup plus ouvert puisqu'elle ne renie pas les apports de la psychanalyse traditionnelle. Elle nous a d'ailleurs conseillé de ne pas rejeter complètement l'idée d'un groupe thérapeutique. Selon elle, cela peut être bénéfique à Matthieu, à condition d'en fixer très clairement les objectifs, un concept qui me plaît bien puisque j'ai soutenu un mémoire de spécialisation professionnelle sur les objectifs à se fixer en tant qu'enseignant intervenant en UPI.


Avec la pédopsychiatre habituelle de Matthieu, nous sommes donc finalement tombés d'accord pour que Matt fréquente un CATTP autour du "conte" avec 3 autres enfants et deux éducatrices. Cela se passera tous les mercredis matins durant 1 heure 15, juste avant les 3/4 d'heure de psychomotricité habituels. Cela peut être utile. C'est vrai qu'à la maison, on peut rarement travailler sur les relations de Matt avec ses pairs. Matthieu est capable de se faire de nouveaux amis, même si c'est beaucoup plus dur pour lui que pour un autre. Ce matin encore, au supermarché, un petit garçon nommé Maxime est venu joyeusement le saluer. Matthieu nous en avait parlé, il y a quelques semaines, comme d'un petit garçon (inconnu jusqu'alors) qui était devenu son copain au centre de loisir.
Cela dit, c'est vrai qu'il faut travailler pour aider Matthieu à conserver ses amis et à réagir de manière appropriée quand il est à leur contact (se défendre par exemple). Il y a encore beaucoup à faire au niveau de la compréhension et de l'expression des sentiments. Le travail en groupe autour du conte pourrait aider Matthieu à développer son imaginaire ainsi que la narration, ce qui serait bien utile pour l'école. Bref, le groupe n'est peut-être pas une si mauvaise idée. Si cela fait encore progresser Matthieu, je serai la première à le reconnaître, malgré mes réticences originelles (des réticences que Thierry ne partageait pas). Nous avons rencontré aujourd'hui Sandrine et Laetitia, qui auront le groupe en charge. Elles nous ont présenté un projet qui semble adapté aux besoins de Matthieu.

A l'école, Matthieu est à présent doté d'une AVS pour 12 heures (tous les matins). J'ai été soulagée de l'apprendre, la veille de la rentrée. Sur ce point, c'est Thierry qui a toujours eu des réserves. Je crois qu'il a été rassuré par le discours de cette AVS expérimentée -une chance!- qui a conscience que l'objectif, c'est l'autonomie et qu'elle doit laisser Matthieu faire seul le plus possible, sans intervenir. Je viens de la rencontrer et elle m'a affirmé que pour le moment, Matthieu se débrouillait si bien qu'elle avait fort peu besoin d'intervenir. Elle m'a rapporté qu'il comprenait vite et bien les consignes. Tant mieux ! Elle semble déjà distinguer les "repos-repart" des "repos-départ" (cf. mon témoignage).

Résumons-nous : psychomotricité, groupe thérapeutique, CE1 avec 2 maîtresses et une AVS, périscolaire /cantine avec les copains (pour moi, c'est un ingrédient essentiel de la réussite) deux jours par semaine... et plus de violon. Matthieu veut arrêter. Je suis un peu triste (est-cela une blessure "narcissique "??) mais c'est lui qui décide sur ce point. Je le lui ai promis depuis le début. Comme il se passionne de plus en plus pour le mini-golf (pratique réelle et virtuelle -mais pas obsessionnelle- via la Wii), nous avions pensé l'inscrire dans une école de golf. C'est un peu loin et un peu cher mais comme il a son allocation, nous étions prêts à l'inscrire. Les horaires ne collent hélas pas : c'est le mercredi matin, en même temps, donc, que les soins thérapeutiques. Dommage. Ses semaines seront bien assez chargées comme cela.

Je voudrais clore ce message en remerciant Nathalie Hamidi pour la chaleur avec laquelle elle a accueilli mon témoignage. Dans les périodes de doute et d'interrogations, comme celle que nous venons de traverser, on a besoin d'encouragements. Merci encore à elle. J'en profite pour préciser que tout ce que je raconte a marché avec Matthieu; j'ai l'intuition au plus profond de moi que ce que nous lui proposons -des stratégies bricolées à la maison- est ce qu'il lui faut. Nous commettons sans doute des erreurs, mais nous mettons tout notre coeur et toute notre énergie (Thierry est d'une disponiblité et d'une patience à toute épreuve : c'est le papa le plus formidable qui soit !!) pour aider Matthieu qui le sent sûrement. Je crois que Nathalie, comme tous les autres parents, doit se faire confiance.